« Il faut que le subside européen soit la cerise sur le gâteau et non le cœur du projet d’entreprise »

Botalys, le ginseng wallon que l’Asie nous envie !


Après 6 ans de R&D, Botalys a réussi à développer une technologie hautement innovante et un procédé unique au monde destinés à la culture de plantes rares, dont le ginseng, en hydroponie. La PME vient tout juste de décrocher un subside européen de 2,2 millions d’euros.


Botalys, anciennement Green2Chem, est un producteur wallon de plantes rares et médicinales, comme le ginseng. Son procédé unique de production est basé sur le principe d’hydroponie, une technique de culture hors sol qui consiste à contrôler et réguler tous les paramètres de la culture. Celle-ci permet d’optimiser la croissance de la plante pour offrir un ingrédient fini de qualité exceptionnelle et constante. Le ginseng produit par Botalys atteint une qualité équivalente à un ginseng sauvage ayant poussé durant 25 à 40 ans dans la nature, de quoi faire des envieux du côté de l’Asie…

Qui plus est, cette technique préserve au maximum les ressources naturelles de notre planète en évitant une agriculture intensive et une déforestation massive typique des plantes rares et difficiles à cultiver.

Le chemin de l’Europe

Pour Botalys, se faire soutenir grâce à des subsides a été une évidence dès le début du projet. En effet, à la création de l’entreprise, les activités concernaient essentiellement du développement et de la recherche et, comme l’explique Paul-Evence Coppée (co-CEO et CFO), ils voyaient dans leur tout premier business plan qu’ils ne généreraient pas de chiffre d’affaires durant les 3-4 premières années du projet. Ils se sont alors tout de suite dirigés vers le SPW │Recherche pour se faire soutenir et baignant ainsi dans cet écosystème des aides et subsides, Botalys a cherché d’autres possibilités de soutien, notamment à l’Europe. Très vite et en participant à des présentations du NCP Wallonie, l’Instrument PME retient leur attention. Ce financement leur semble alors particulièrement adapté à cette période charnière qu’ils connaîtront entre la fin du développement et le début d’une commercialisation stable.

En 2017, Botalys décroche le financement de 50.000 euros en phase 1 de l’Instrument PME pour réaliser une étude de faisabilité (potentiel technologique, travail sur le business case, …). La toute première fois qu’ils obtiennent un budget pour une partie commerciale et marketing. L’étape ultérieure se profile alors : viser un financement dans le même Instrument PME, mais en phase 2. La PME est remarquée par une entreprise de consultance spécialisée dans l’accompagnement de projet européen qui propose une approche « no-win-no-pay » : il n’y aura rémunération qu’en cas de succès permettant ainsi à Botalys de ne prendre aucun risque financier à sa charge.

Au cours de l’année 2018, le dossier de Botalys atteint l’avant-dernière marche du podium avec un Seal of Excellence, soit la reconnaissance du jury européen du caractère innovant et porteur du projet, mais qui, faute de budget suffisant, ne peut finalement pas recevoir de financement européen. Début 2019, la tentative sera finalement la bonne puisque Botalys est sélectionnée parmi 1752 candidatures émanant de 37 pays différents et remporte un important subside de 2,2 millions d’euros ! Elle rejoint ainsi les 15 sociétés belges – dont 3 Wallonnes – ayant obtenu un financement en phase 2 de l’Instrument PME.

Concrètement, ce financement va permettre à Botalys la réalisation de plusieurs work packages dont la poursuite du déploiement international de son premier produit (le Ginseng hydroponic, HRG80). A cela s’ajoute notamment l’accélération de sa R&D pour la production de nouvelles plantes afin de diversifier son offre et l’automatisation et l’optimisation de son procédé de production.

Cela vous plonge dans votre business case…

Interviewé sur son retour d’expérience et les clés de son succès, Paul-Evence Coppée partage plusieurs conseils. « Il faut que le subside européen soit la cerise sur le gâteau et non le cœur du projet d’entreprise ». Les taux de succès étant particulièrement limités, il n’a jamais ajouté le subside dans les budgets de son entreprise. Ensuite, pour lui, l’avantage de ce type de dossier est « qu’il vous plonge dans votre business case et vous fait bien revoir la stratégie de l’entreprise », une discipline certes forcée mais particulièrement précieuse à ce stade de croissance. Qui plus est, il insiste sur le mindset à adopter pour ce type de dossier : « Il faut aussi voir les subsides comme des reconnaissances. Si le besoin de l’entreprise, c’est d’avoir de la notoriété ou de la crédibilité, le subside peut amener cela ».

Par ailleurs, l’une des pierres d’achoppement du dossier qu’il met en évidence, ce sont les lettres de soutien des partenaires et des clients. Comme il l’explique, « ces lettres de soutien matérialisent les liens avec les clients. Ce sont des lettres d’intention, il n’y a rien de juridiquement contraignant mais en même temps, cela crée du rapport positif avec les clients ».

Dernier conseil de la PME wallonne : « bien s’entourer, se faire conseiller et accompagner ». Dans son cas, l’aide du NCP Wallonie (tant pour les informations et conseils stratégiques reçus que pour la relecture critique et personnalisée du dossier) et la collaboration avec l’entreprise de consultance ont été clé et ont conduit au succès d’aujourd’hui. « Enfin, conclut Paul-Evence Coppée, ne pas renoncer et recommencer… toujours recommencer ».

Cet article est extrait du Dynamisme, un magazine édité par l’Union Wallonne des Entreprises. Toute reproduction, même partielle, du texte et des documents est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.

Pierre-Antoine MARIAGE et Paul-Evence COPPÉE fondateurs et co-CEO de Botalys. (©Botalys)
Pierre-Antoine MARIAGE et Paul-Evence COPPÉE
fondateurs et co-CEO de Botalys. (©Botalys)
Le ginseng est cultivé en hydroponie, une technique de culture hors sol.
(©Botalys)

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