« Le NCP Wallonie a passé des heures à relire mes projets. »

Le réseautage, cela fonctionne ! La preuve avec le CHU de Liège


L’hôpital universitaire liégeois est un habitué des projets européens de recherche. À raison, car les hôpitaux sont un maillon important dans l’implémentation des stratégies internationales d’innovation au service de la santé. Nous partageons le feedback et les conseils de cette institution.


Biochimiste est sa formation initiale. Mais diplomate est vraisemblablement sa vocation ! C’est clairement ce qui ressort de notre rencontre avec Marcela Chavez, assistante de recherche au CHU de Liège. La rédaction des propositions et la mise en place des projets européens sont ses principales responsabilités depuis 2014.

Mais notre interlocutrice insiste : « Je ne pourrais arriver à rien sans la volonté de plusieurs chefs de service. Je les remercie de développer cette vision de confiance dans l’innovation, et dans le fait que celle-ci va améliorer l’hôpital au service des patients et des soignants. »

Le job : des « contacts diplomatiques actifs »

Intégrée dans le Département de Gestion du Système d’Information de l’hôpital, dirigé par le Pr. Philippe Kolh, par ailleurs professeur de biochimie et de physiologie humaines à l’ULiège, Marcela Chavez poursuit avec lui l’objectif d’augmenter la quantité et la qualité des projets d’innovation au sein de tous les départements.

Au fil des années, elle a développé une connaissance approfondie des caractéristiques des financements wallons, belges et internationaux. Et elle a fait du réseautage international son cheval de bataille pour décrocher des financements européens.

« Dans ces manifestations de réseautage international, je présente les idées que le CHU souhaite développer, et je rapporte en interne les idées des coordinateurs européens qui ont besoin de la contribution de notre hôpital pour atteindre leurs objectifs. »

« Une grande partie de mon job consiste à rédiger des propositions. Pour décrocher des financements, il n’y a pas de secret, il faut déposer des dossiers ! Au printemps 2020, durant le confinement, j’ai passé tout mon temps à rédiger ! Chaque dossier nécessite d’interagir avec beaucoup de personnes, de différents niveaux hiérarchiques, soit au sein de l’hôpital, soit avec les équipes des partenaires. Ce sont des contacts diplomatiques actifs afin de faciliter la coopération entre les différentes parties prenantes. »

Vaincre la peur du changement

Mais au fond, pourquoi un hôpital devrait-il rejoindre des consortiums de recherche européens ? La réponse à cette question ne va en effet pas « de soi ». Tout le monde ne partage pas nécessairement la perspective d’un hôpital à la pointe dans le domaine de l’innovation.

« On touche à la peur du changement. La vision technologique de la médecine s’oppose souvent à celle de ‘la médecine est un art’. Or, ces deux visions ne sont pas antagonistes, mais compatibles. Les systèmes logiciels d’aide à la décision clinique, par exemple, sont encore loin de faire l’unanimité. Mais j’ai coutume de dire que si un jour l’intelligence artificielle doit supprimer des métiers, celui de médecin sera le dernier ! »

Au fil des ans, Marcela Chavez a appris à ne pas forcer les choses.

« Cela ne sert à rien d’aller dans une direction qui ne correspond pas à ce que veulent les services. On aura l’argent, mais les équipes ne suivront pas ! Tôt ou tard, cela revient comme un boomerang ! Il faut être en lien avec le terrain, les besoins, et sentir qui a envie de se lancer dans de telles aventures. »

Heureusement, elle a pu bénéficier du soutien actif d’autres personnes clés de son organisation, en particulier de son chef de département, le Prof Kolh, sans qui elle n’aurait pas pu se consacrer à 100 % à son activité :

« L’équipe a compris très vite l’importance de participer, avec des spécialistes de top niveau international, dans la mise en place de nouvelles technologies qui seront prochainement au service des patients et des soignants. De plus, un travail que je faisais en solitaire s’intègre à présent parfaitement dans les activités du département du Prof. Kolh.»

En fin de compte, les apports des projets européens sont énormes.

« En travaillant avec des hôpitaux d’autres pays, nous apprenons à découvrir ce qui se fait ailleurs, à retirer les bonnes pratiques pour nous préparer à l’avenir et à anticiper. C’est très motivant. »

Treize projets européens, dont quelques « coups de cœur »

Dans le programme Horizon 2020, le CHU de Liège a décroché un total de 13 projets européens. Ces projets ne sont évidemment pas tous issus du même département ou des mêmes personnes.

Parmi ceux qu’elle a suivis, Marcela Chavez nous évoque ses coups de cœur :

InteropEHRate : lancé en janvier 2019, ce projet vise à faciliter le suivi médical des patients en voyage. De nombreux pays mettent en place des dossiers de santé électronique, mais la difficulté, c’est que chaque pays utilise son format de données, sa langue, ses modalités d’accès, son cadre juridique. L’objectif est de développer un modèle sécurisé d’appli mobile avec une traduction intégrée. Le système s’appliquerait même à un patient de Tongres en visite au CHU avec un dossier en néerlandais rendu compréhensible pour tous ses prestataires de Liège.
Persist : lancé en janvier 2020, il a pour objectif d’améliorer la qualité de vie des survivants du cancer grâce à l’intelligence artificielle et au Big Data. L’idée est de créer une plateforme, sous forme d’application mobile, pour offrir au patient un suivi personnalisé. L’hôpital a débuté le test de l’application en 2021, sur 20 patients atteints d’un cancer colorectal et 20 patientes atteintes d’un cancer du sein. Au fil des jours, les données récoltées permettent de connaître de mieux en mieux les patients et de leur proposer un suivi personnalisé en fonction de leurs besoins et de leurs aspirations.
HoSmartAI : « l’intelligence artificielle pour l’hôpital du futur » s’adresse au service de radiothérapie. L’intelligence artificielle est ici sollicitée pour la planification des rendez-vous. Le flux de patients représente en effet un véritable casse-tête chinois, car il dépend de très nombreux paramètres : disponibilité du patient, du thérapeute, de la machine, des réactifs, contraintes thérapeutiques, etc.

Soutien « énorme » du NCP Wallonie

« Je retiens deux choses de la posture de Marcela, et de son institution. Pour avoir des projets, il faut déposer des dossiers. D’autre part, elle a beaucoup investi dans le réseautage, au sein même de son hôpital, comme partout en Europe. Elle a accompagné notre équipe à de nombreux événements de réseautage, à Strasbourg, à Mayence… Toujours dans un esprit extrêmement ouvert, positif, à l’affût des nouveautés et des progrès », épingle Pierre Fiasse, co-directeur au NCP Wallonie.

De son côté, Marcela Chavez apprécie le soutien, qualifié d’« énorme », reçu de la part de l’équipe du NCP Wallonie.

« Aussi bien sur le plan technique que psychologique. Ils ont passé des heures à relire mes projets, en me donnant toujours des feedbacks. Le NCP Wallonie est également précieux au niveau de l’information : quels sont les appels ouverts, les deadlines, les événements intéressants, quel coordinateur cherche quel genre de partenaire… ».

Si vous aussi, à l’instar du CHU de Liège, vous souhaitez rejoindre l’aventure européenne, n’hésitez pas à contacter le NCP Wallonie au 010/48 50 39 ou via contact@ncpwallonie.be !

Avec le lancement du nouveau programme Horizon Europe (période 2021-2027), beaucoup de nouveaux appels sont prévus en 2021.

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