« Il faut s’entourer de personnes qui parlent le langage européen »

NeuroPath : sa plateforme de suivi de la maladie de Parkinson reconnue à l’échelon européen


Et c’est parti ! Le projet européen AICCELERATE de « Smart Hospital » démarre. La société wallonne NeuroPath fait partie de l’aventure, emmenée par l’hôpital universitaire d’Helsinki. La start-up y affinera ses plans de soins digitaux pour les patients atteints de Parkinson.


« Je n’ai aucun background médical ni informatique ». L’homme qui parle ainsi est Benoit Tas, CEO de NeuroPath. Cette start-up a été fondée en 2016 pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson : au croisement du monde de la médecine et de l’intelligence artificielle !

Benoit Tas est né à Termonde et se décrit comme un entrepreneur. Une fois ses diplômes en poche – droit, économie et fiscalité – il fait ses armes chez Procter & Gamble avant de s’envoler vers Chicago pour un MBA. Il se dirige ensuite vers le conseil stratégique et le capital à risque, puis cherche à développer sa propre entreprise.

« J’ai toujours été interpellé par le fait que, dans le secteur de la santé, on écoute très peu le patient. C’est particulièrement vrai avec la maladie de Parkinson : le parcours de soins standard est de deux visites par an chez le neurologue, et un traitement par médicament entre ces visites… C’est aberrant. Avec un chercheur américain basé dans le Vermont, nous avons voulu proposer une approche plus individuelle. »

La Wallonie, raccourci vers le Texas

La société NeuroPath est mise officiellement sur pied en 2016, pour pouvoir se glisser dans les bagages d’une mission princière au Texas, axée sur le « Digital Health ». La start-up choisit ensuite de s’implanter en Hainaut, pour pouvoir bénéficier des liens tissés par l’AWEX avec son partenaire Texas A & M University. Depuis lors, Benoit Tas passe environ 35% de son temps aux États-Unis.

10 millions de personnes dans le monde souffrent de la maladie de Parkinson et ce nombre devrait doubler au cours des 10 à 15 prochaines années. À ce jour, il n’existe pas encore de remède… L’idée de NeuroPath ? Collecter des données sur le malade, telles que la capture de mouvements, l’analyse de la voix et diverses informations rapportées par le patient.

« Nous n’utilisons pas de technologies intrusives. Nous travaillons par exemple avec le smartphone du patient, et des questionnaires remplis par lui ou elle-même et son entourage. La personne peut aussi porter un bracelet digital, pour recueillir des paramètres tels que le rythme cardiaque, le nombre de pas… C’est elle qui décide avec qui ces données sont partagées ».

Les informations sont ensuite traitées pour détecter des événements spécifiques, la progression de la maladie et l’efficacité du traitement, permettant à l’équipe – kiné, logopède, aide-soignant… – d’adapter le parcours de soins pour une meilleure qualité de vie avec une charge moindre.

Poussé dans ses retranchements par le NCP Wallonie

« Le secteur dans lequel NeuroPath est actif, celui de l’e-santé, fourmille d’initiatives, expose Julien Toussaint, conseiller au NCP Wallonie. C’est un domaine que l’Europe veut pousser. C’est pourquoi Benoit Tas est venu nous trouver en 2019. Il cherchait à savoir s’il pouvait entrer dans un projet européen. Nous avons effectué avec lui deux séances d’atelier ‘chaîne de valeurs’. Je pense que ça l’a bien aidé à aligner les appels européens pertinents avec son business. »

Lors de cet atelier auquel participaient aussi un neurologue et un chercheur, le NCP Wallonie a poussé la société NeuroPath dans ses retranchements : Qui doit-elle impliquer dans sa solution digitale ? Quels sont les partenaires industriels potentiels ? Quels sont les blocages et les risques … ?

« Cet atelier a été très utile pour nous confronter à nos propres idées, reconnait Benoit Tas. C’est très intéressant que des tiers nous posent des questions, se mettent dans la tête de ceux et celles qui vont lire nos dossiers européens. Cela nous a aidés à réécrire certaines propositions différemment, à apporter des nuances, à mieux détailler et décrire notre valeur ajoutée. »

Des tests en hôpital à Helsinki

La suite ? Benoit Tas identifie un consortium emmené par l’hôpital universitaire d’Helsinki, avec lequel il a déjà des contacts. « Nous commençons à rédiger le projet fin 2019, puis passons le printemps 2020 à faire des réunions virtuelles toutes les semaines, en plein covid. Nous déposons le projet en juin 2020, recevons le go de l’Europe en octobre, signons les ‘consortium agreements‘ en novembre, et là, nous venons de débuter le projet en janvier 2021 pour une durée de trois ans ».

Concrètement, NeuroPath va implémenter sa plateforme de suivi des patients Parkinson à l’hôpital universitaire d’Helsinki.

« C’est ça qui est important : avec ce projet, on entre vraiment dans l’hôpital, au plus près des utilisateurs. Je suis parfois étonné comme certains projets européens restent cantonnés à de la R&D, sans se soucier du marché. Ici, on n’est pas proche du marché, on est dedans ! Cette opération va nous procurer une belle référence avec des Scandinaves, qui sont des gens très avancés dans les technologies au service des plans de soins. »

Quels conseils ?

Des conseils pour d’autres start-up intéressées par le secteur de l’e-santé ? Benoit Tas passe en revue quelques bonnes pratiques à avoir à l’esprit :

Préparation – Dans le cas de NeuroPath, l’atelier ‘chaine de valeurs’ organisé par le NCP Wallonie a été très bénéfique pour structurer les idées. En vous connaissant mieux, le NCP peut aussi vous aider à choisir les appels où vous aurez une certaine chance de réussite. Certains appels sont très spécifiques.
Jargon – Pour entrer dans ce genre de projets, il faut s’entourer de personnes qui parlent le langage européen. Le NCP Wallonie et-ou des consultants spécialisés peuvent vous aider à bien lire le projet, à comprendre ce que l’Europe souhaite exactement. Pour la phase de rédaction, choisir de préférence un consultant qui a déjà fait ses preuves et jouit d’une certaine crédibilité à l’échelle européenne.
« Caisse de guerre » – Il faut bien se renseigner sur la dynamique financière, car beaucoup de projets nécessitent un apport propre. Il est important de disposer d’une trésorerie pour entrer dans cette dynamique.


Beaucoup de nouveaux appels européens sont prévus en 2021. Le NCP Wallonie vous tiendra bien entendu informé. En attendant, si vous avez des questions et souhaitez rejoindre l’aventure européenne, contactez le NCP Wallonie au 010/48 50 39 ou via contact@ncpwallonie.be !

Fiche technique du projet AICCELERATE
Le projet, dont le nom commence par « AI » pour « artificial intelligence », développera les solutions numériques existantes des 16 partenaires afin de permettre le développement d’un parcours « smart » de soins hospitaliers.

Subsidié en totalité à hauteur de 9,2 millions d’euros dans le cadre du programme de recherche Horizon 2020, il s’étalera sur une durée de 36 mois à débuter de janvier 2021.

Les projets pilotes sont menés par cinq hôpitaux partenaires : deux en Finlande (dont l’hôpital universitaire d’Helsinki, leader), deux en Italie et un en Espagne. Les autres partenaires du consortium sont : l’université Erasmus de Rotterdam aux Pays-Bas, la Fundació Eurecat en Espagne, l’association espagnole TICBioMed, six PME du secteur de l’e-santé : NeuroPath de Belgique, Chino d’Italie, Symptoma d’Autriche, Nuromedia d’Allemagne, SRDC de Turquie, Evondos de Finlande, et deux grandes entreprises : NEC Laboratories Europe d’Allemagne et Innofactor de Finlande.

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